Au cours de ma vie, et à de nombreuses reprises, j’ai dû supporter les conséquences souvent douloureuses des limites que j’aurais dû fixer tant aux autres qu’à moi-même.
D’un côté, j’exigeais toujours plus de moi-même, toujours trop aussi, repoussant chaque fois les limites de ma résistance. Et cela allait bien au-delà du perfectionnisme ! Je m’épuisais, je me vidais de mon énergie, je perdais ma motivation et ma confiance en moi car je repoussais de fait toujours plus loin mes objectifs en les amplifiant sans cesse, jouissant par conséquent trop rarement de la satisfaction de les avoir atteint. Vous savez certainement de quoi je parle !
D’un autre côté, j’autorisais implicitement les autres à venir puiser dans mes ressources selon leurs besoins et je nourrissais envers ces « profiteurs », autant de frustration d’être utilisée que de culpabilité de ne pas donner assez…
Puis un jour, il n’y a pas si longtemps, je me suis sentie épuisée, désabusée aussi. J'avais enfin pris conscience que je n’étais victime que de moi-même et la seule responsable de ma situation. J'avais enfin compris que tout était une question de posture et de perception des événements et des personnes. Que chacun réagit différemment selon son éducation, ses valeurs, son vécu, même sans volonté de nuire.
Mon constat fut simple mais pas facile à admettre : les autres vont d'office jusqu’où on les laisse aller.
Cette prise de conscience fut UN VÉRITABLE CADEAU.
Quand j’ai enfin posé ce constat, j’ai découvert à quel point cette problématique était commune à tant de monde et l’origine de tant de souffrances relationnelles, affectives, psychologiques et médicales. J’ai pris conscience que l’observation et la définition de limites claires étaient des étapes essentielles au respect de soi-même et de son équilibre personnel.
Que devais-je faire de ça ? Comment m’y prendre, alors que ma devise avait toujours été : « The sky is the limit » ? Et puis surtout :
Il ne tenait qu’à moi de comprendre ce que sont les limites, à quoi elles servent et ce qu’il en coûte de ne pas les avoir définies. Ensuite seulement je pourrais identifier et affirmer clairement mes propres limites en fonction de ce que je voulais et SURTOUT de ce que je ne voulais plus.
Les limites sont des barrières abstraites, personnelles et donc subjectives, qui organisent le fonctionnement entre plusieurs personnes et d’une personne envers elle-même. Elles fixent les frontières de l’acceptable dans toute relation. Les limites vont de pair avec la notion de liberté : « La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui… ». En résumé, la liberté est dans le cadre.
Ne pas mettre de barrière aux demandes et aux comportements trop intrusifs des autres peut nous coûter très cher. Voici quelques-unes des nombreuses conséquences possibles :
Déconsidération auprès des autres : les marques de respect et de reconnaissance sont destinées à celui qui a toujours fixé ses limites avec fermeté et qui exceptionnellement accepte de les adoucir et jamais à celui dont on sait qu’il a l’habitude de tout accepter sans broncher ;
Déséquilibre puis destruction des relations quand la goutte fait déborder le vase. Quand on sent qu’on est à bout de patience et de résistance, l’élastique finit par casser et l’émotionnel prend le dessus de manière plus violente, détruisant la relation déjà fragilisée par les jeux de pouvoirs ;
Apparition et rapide amplification d’abus en tout genre envers ceux qui n’arrivent pas à dire "non" …
Naissance de quiproquo, de conflits issus de sous-entendus implicites ou d’interprétation des mots parce qu’on n’a pas conclu d'accord explicite : « on s’attend à », « c’est normal … »
Souffrance, culpabilisation, perte de patience, sacrifice, épuisement, oubli de sa personne et de ses propres besoins.
Financièrement aussi les risques peuvent être conséquents, c'est évident.
Bref, c'est tout ce qu’il faut pour alimenter méfiance de l’autre, frustration, colère, diminution de l’estime et de la confiance en soi, stigmatisation, et puis aussi un beau sentiment de dépouillement.
Au final, on se retrouve face à un grand pot-pourri d’émotions et de ressentis souvent explosifs qui vont alimenter le cercle vicieux du processus de victimisation déjà activé pour amortir les coups.
Ne pas fixer ses propres limites coûte souvent encore plus cher :
Physiquement, on risque l’épuisement, le surmenage, le burn-out et d’autres affections médicales plus graves encore;
Psychologiquement, on ressent une perte de repères, de confiance et d’estime de soi, du découragement, la dépression peut même nous guetter. On peut aussi succomber à des comportements addictifs ou encore glisser vers de la délinquance,…;
Dans les relations avec les autres, surtout au niveau du couple et de la famille, les conséquences ne sont pas non plus anodines, notamment quand on s’épuise dans un travail où la famille n’a plus sa place;
Et puis comment retrouver le cap ? Difficile de se concentrer à nouveau sur ses objectifs quand on ne peut plus en visualiser ni l’horizon ni les limites.
Pourquoi, vu les conséquences potentiellement désastreuses, ne fixons-nous pas nos limites naturellement. Pourquoi est-il si difficile de les poser ?
Il y a 2 types de causes. Les premières sont à rechercher dans le passé, les secondes dans le présent.
L'origine est d'abord dans la programmation et le conditionnement reçus depuis notre enfance. Il s’agit de nos parents, de nos enseignants, des médias, de l’influence religieuse, de la culture ou de l’histoire de l’humanité. Avec beaucoup de bonnes intentions, ils nous ont abreuvés d’idées toutes faites et enseignés, voire imposés, comment penser et agir dans tous les domaines de la vie, sans que nous n'ayons jamais pris le temps de pouvoir être nous et de ressentir ce que cela signifiait pour nous.
On nous a conditionné à mettre en place un système de réactions automatiques qui dictent au quotidien notre conduite et ne nous permettent pas de prendre conscience de la souffrance qui peut en résulter. Nous fonctionnons donc en pilotage automatique parce que nous avons tout simplement toujours fonctionné de cette manière, comme cela nous a été enseigné, sans vraiment nous poser les bonnes questions.
Au cœur de cette programmation se trouvent donc bien ancrés plusieurs éléments constitutifs de notre propension à ne pas fixer naturellement des limites :
L’origine de notre difficulté à mettre des limites est ensuite à rechercher du côté de la pression de notre société actuelle. Elle cultive l’image de l’entrepreneur infaillible et compétiteur, de la situation économique toujours tendue où la concurrence, la compétition font rage, où la pression à donner toujours plus de sa personne face aux exigences du marché, des clients, des fournisseurs, des partenaires financiers ne fait que s’intensifier. A ces types de conditionnement passés et présents qui façonnent notre carte du monde se rajoutent encore nos besoins d’appartenance, d’estime et d’accomplissement que nous cherchons inlassablement à combler. Ces besoins deviennent les bénéfices secondaires de l’absence de limites qu’ils valident car ils nous placent dans une quête permanente du regard approbateur de l’autre autant que du nôtre.
Face à cela, il y a les mains de fer dans un gant de fer qui se protègent en mettant des limites de principe excessives en tout et s’empêchent d’être en harmonie avec les autres, d’être heureux et d’avancer. Et puis il y a ceux qui n’en ont aucune et qui se retrouvent malgré leur désarroi à vouloir à plaire à tout le monde. Et à se retrouver dans le même empêchement.
Au milieu de ces deux extrêmes, une minorité, ceux qui ont réussi à faire un pas de côté pour s’observer et trouver le juste équilibre entre la bienveillance relationnelle et la bienveillance envers eux-mêmes.
Quels sont les bénéfices à poser ses limites ?
Que faire pour changer les choses ?
Prendre conscience de l’existence des dysfonctionnements qui trouvent leurs origines dans le passé et dans le présent. Et identifier et comprendre leurs origines ;
Comprendre ses besoins et ses manques quand on ne se respecte pas ou qu'on ne se fait pas respecter;
Définir ses motivations à changer le cours des choses et ses objectifs à poursuivre en établissant la balance entre la douleur de laisser en l’état et la douceur des résultats du nouveau mode de fonctionnement ;
Décider de changer. Au début, le changement fait mal, malmène, rend inconfortable voire vulnérable. Mais la transition ne dure pas longtemps. L’inconfort du processus de changement précède le confort du résultat;
Apprécier ce résultat, se rendre compte que ce n’était finalement pas si compliqué et savourer le bonheur d'un équilibre retrouvé.
Sur mon chemin vers le changement et après avoir vécu si longtemps les limites par leur côté obscur, celui des limites de principes, de la menace, des punitions, je les découvrais côté lumière : les limites sont utiles et nécessaires par leur aspect authentique, respectueux, aidant et protecteur.
M’offrir le cadeau de prendre enfin en considération mes propres besoins en fixant mes limites (et m'y tenir) pour me porter sans pour autant imaginer devoir faire du mal aux autres a ouvert une nouvelle porte à mon épanouissement personnel et apporté une grande harmonie dans mes relations.
Prendre cette direction m’a procuré une fabuleuse bulle d’oxygène et d’énergie, ouvert le champ des possibles, permis un sérieux renforcement de ma confiance en moi et de mon assurance et m’a insufflé une motivation nouvelle d’avancer pour moi.
Voilà ce que sont les limites, à quoi elles servent vraiment et pourquoi elles sont si difficiles à poser.
J’ai personnellement exploré ce chemin en profondeur et j'ai trouvé les outils et les raisons et motivations pour ne plus retomber dans ce piège. Mais cette méthode doit évidemment être approchée de manière individuelle selon la situation de chacun. Il n'y a pas une solution unique qui convienne à tous.
Vous ai-je donné envie d’explorer ce chemin intérieur à votre tour ? Faites-le moi savoir !
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A très bientôt avec un nouvel article qui traitera d'un des plus gros obstacles à la réussite quand on n'a pas de limites : le perfectionnisme, ennemi numéro 1 de l'efficacité.
Avec toute ma bienveillance et mon envie de vous inspirer à utiliser votre équilibre et votre bien-être comme leviers pour faire croître vos business et ainsi ne plus vous oublier.
Laetitia
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